« On a longtemps accusé les parents d’être responsables des troubles alimentaires chez l’adolescent. A tel point qu’ils pensent souvent empirer les choses en voulant aider », s’insurge Béatrice Gal, psychiatre de la Maison de Solenn, structure parisienne spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire (Tca) chez les adolescents . Au contraire, leur écoute et leur parole sont essentielles. « Il faut réaffirmer votre amour et votre soutien tout en montrant que vous avez compris ce qu’il se passe, insiste le médecin. C’est à cette condition que votre enfant sortira de la phase de déni pour passer à la phase de lutte contre sa maladie. »
L’anorexie et la boulimie constituent la majorité des Tca. Refus de s’alimenter (avec ou sans vomissements) pour le premier, suralimentation suivie d’épisodes compensatoires (vomissements ou non) pour le second, ils ont tous deux de graves conséquences sur la santé. Féminine à 96 %, la population concernée souffre de carences pouvant aller jusqu’au dysfonctionnement des reins ou du cœur. 10 % des anorexiques décèdent de leur maladie. Il est donc indispensable d’être suivi par un médecin, c’est lui qui jugera d’une possible hospitalisation dans les cas les plus graves.
En dehors de ces urgences vitales, la thérapie familiale donne aussi de très bons résultats. « L’adolescent, ses parents et les frères et sœurs vivant au domicile ont un rendez-vous par mois pendant un an avec un thérapeute. Les entretiens abordent l’aspect alimentaire, relationnel, et visent à renforcer les liens familiaux », préconise Béatrice Gal.
Elle ajoute : « Je conseille assez rapidement aux parents de rétablir un rythme dans les repas et le sommeil de leur enfant, avec la fixation d’heures régulières. » Les repas, c’est le sujet le plus difficile. Si forcer n’est pas la solution, miser sur la pédagogie est gagnant.
« En proposant à votre enfant d’ajouter une petite quantité de protéines et de féculents à chaque repas, dans le but de diminuer les crises de boulimie ou de retrouver un peu de muscles, la démarche est plus facilement acceptée. Même si les quantités restent limitées, c’est un vrai début », insiste la psychiatre. Rassurez-le, sans le « surveiller ». Il faut accepter d’avancer pas à pas. « La moitié d’un steak, 50 g de riz, un morceau de fromage, aidez-le à reprendre confiance en ce qu’il y a de nourrissant », recommande la spécialiste.
Avec le rétablissement du corps doit aller celui de l’esprit. La vision du corps chez les personnes anorexiques est déformée. « Vous pouvez encourager votre adolescent à essayer une activité qui lui apprend à accepter et à aimer son corps, qui apporte des sensations de bien-être. C’est le cas du yoga, de la relaxation », propose Béatrice Gal. La créativité est aussi un bon moyen pour exprimer ce que l’on a du mal à dire, et pour laisser sortir ses émotions.
Pour aller plus loin - Le site de la Fédération française anorexie boulimie (Ffab) - Le site de la Fédération nationale des associations liés aux troubles des conduites alimentaires (Fna-Tca) - Le site de la Maison de Solenn - « Prévention des troubles du comportement alimentaire chez les jeunes » sur le site du ministère de la Santé