En France, 10 % des pères traversent un épisode de dépression du post-partum dans la première année de leur enfant. Ce trouble peut apparaître un peu plus tardivement que chez les mères avec un pic dans les 3 à 6 mois qui suivent la naissance.
Les pères présentent alors différents symptômes : tristesse, perte d’intérêt pour les activités habituelles, fatigue, modification de l’appétit, trouble du sommeil…
« Cependant, les symptômes dépressifs sont généralement moins apparents chez les pères que chez les mères, explique le docteur Florence Gressier, psychiatre responsable de l’unité de psychiatrie périnatale du service de psychiatrie à l’hôpital Bicêtre. Les pères peuvent manifester un retrait social, une indécision, une peur et une irritabilité plus importante. »
La consommation d’alcool, de drogues, l’augmentation des conflits conjugaux peuvent également constituer des signes d’une dépression du post-partum.
Si le bouleversement physique et hormonal lié à la grossesse puis à l’accouchement peut expliquer le mal-être de certaines mères, d’où vient celui des pères ? « Les facteurs de risque les plus significatifs sont: des antécédents de dépression, des variations hormonales, ainsi qu’une dépression du post-partum chez la mère », précise Aziz Essadek, psychologue et maître de conférences à l’Université de Lorraine.
Plus rarement, des difficultés dans l’interaction avec l’enfant peuvent également être associées à la dépression du post-partum paternelle. Dans cette épreuve, les pères sont peu pris en charge, notamment car ils ont du mal à mettre des mots sur leurs souffrances.
« Il n’est pas évident pour les pères en détresse de s’inscrire dans un processus de soin alors même que tout le système de santé est orienté vers les mères, analyse Aziz Essadek. Mais même si les antennes de la Protection Maternelle et Infantile (Pmi) sont, jusque dans leurs noms, tournées vers les mères, j’encouragerais les pères à se tourner vers ces Pmi, vers un professionnel de santé et à reconnaître leur mal-être pour être accompagnés. »
Parce qu’une dépression du post-partum – maternelle ou paternelle – peut avoir des conséquences négatives sur la relation parent-enfant et sur le développement psychoaffectif de l’enfant, ce trouble doit être pris au sérieux.
« La prise en charge précoce, dès l’apparition des premiers symptômes tels que l’anxiété et/ou la tristesse de l’humeur, permettrait de diminuer le retentissement éventuel sur le développement psychomoteur de l’enfant », ajoute le docteur Florence Gressier.
Heureusement, des solutions efficaces existent pour traiter la dépression périnatale paternelle, telles qu’une psychothérapie éventuellement associée à un traitement médicamenteux (antidépresseurs). Assurer la sérénité de chacun des membres de la famille est essentiel. Pour cela, n’hésitez pas à solliciter vos médecins (généraliste, pédiatre, psychiatre…), sages-femmes, psychologues et assistantes sociales.
Pour aller plus loin : « Comment différencier baby blues et dépression post-partum ? » sur le site 1000premiers-jours.fr