Auteur : Mélanie Bon, psychologue clinicienne, docteure en psychologie
À l’heure où les mots « positif » et « négatif » ont une connotation toute relative, il paraît urgent de se recentrer sur ce qui nous fait du bien : à nous adultes et parents, et à nos enfants. Je propose de nous attarder sur les notions de joie et de bonheur, que distingue la philosophie.
Le bonheur est un état, plus stable et permanent, qui vise à se détacher des sentiments négatifs, afin que les évènements ne nous impactent pas. C’est une recherche de sérénité intérieure.
La joie est une émotion qui nous traverse, par exemple lorsque nous réussissons un objectif que nous nous étions fixé. C’est une forme d’accomplissement de soi. Étroitement liée à la notion de plaisir, mais aussi de tristesse, la joie a besoin des autres émotions pour exister. Elle se cultive au quotidien.
L’apprentissage des émotions : un travail de toute une vie.
De la dépendance à l’autonomie, l’enfant construit son identité à partir du regard que l’on porte sur lui. C’est l’attitude de l’adulte – notamment celle de ses parents – qui va lui apprendre à gérer les émotions qu’il ressent.
Mais que lui apprend-on à gérer finalement ?
La vie est un long fleuve tranquille…
Qui croît encore à cette phrase ?
La vie nous réserve tout un tas de surprises, plus ou moins bonnes. La vie est faite d’embûches à nos projets et nos plans ne se réalisent pas toujours exactement comme on les imaginait.
Ce ne sont pas les situations que nous vivons mais la perception que nous en avons qui influence notre bien-être. Les événements n’ont que l’importance que l’on veut bien leur accorder.
Dès très jeune, l’enfant va chercher en l’adulte l’assurance nécessaire pour mobiliser en lui son sentiment d’auto-efficacité pour faire face aux problèmes. Autrement dit, l’enfant va pouvoir se faire confiance, croire en lui, si on lui donne le sentiment qu’il peut se faire confiance.
Que transmettre ?
Puisque l’éducation c’est conduire vers (Latin Educere), à nous – parents et adultes – de regarder là où nous souhaitons aller, et où nous voulons emmener nos enfants.
Veut-on leur donner l’illusion que la vie ne nous malmène jamais, et que « tout est sous contrôle » ? Ou bien allons-nous nous autoriser à vivre la vie telle qu’elle se présente, et apprendre à accueillir chaque instant, chaque émotion qui nous traverse, respectueusement envers nous-mêmes et les autres ?
Apprenons aux enfants à se faire suffisamment confiance pour traverser les épreuves, les surprises, les imprévus, les obstacles, les inattendus et se sentir la capacité d’essayer, rater, recommencer, se tromper, changer, réussir, évoluer, continuer, persévérer, recommencer encore, grandir… vivre !
Bref.
Regardez en vos enfants ce qu’ils ne peuvent pas voir tout seul : le meilleur.
Références
André, C. & Lelord F. (2011). L’estime de soi. S’aimer pour mieux vivre avec les autres. Odile Jacob.
Cottraux, J. (2007) La force avec soi. Pour une psychologie positive. Odile Jacob.
Fentzterhein, F., Baer, J. Affirmez votre personnalité. Les Éditions Auband, N. Y, 1979.
Lelord, F. (2002). Le voyage d’Hector, ou la recherche du bonheur. Odile Jacob.
Lenoir, F. (2015). La puissance de la joie. Fayard.
Yalom, I. (2008). Le jardin d’Épicure. Poche.
Film : Vice-Versa, Disney-Pixar, 2015.
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